Biographie

Biographie

Son enfance

Antoni Clavé naît à Barcelone en 1913. À l’âge de 13 ans, il doit travailler et est embauché comme commis dans une maison de tissus pour gaines et corsets. Il s’inscrit au cours du soir de la Escuela de Artes y Officios Artisticos y Bellas Artes de Barcelone.

Sa formation

Devenu apprenti peintre en bâtiment chez Tolosa, il est attiré par le côté manuel du métier (badigeons, enduits, colles, et plus tard préparation des couleurs) le jeune Clavé apprend à manier les brosses, à dessiner, la lettre, le faux bois. En 1932, un deuxième prix à un concours d’affiches organisé par la Caisse d’Épargne de Barcelone, le décide à abandonner sa place de peintre en bâtiment. Clavé est engagé par la société Cinaes (Cinematografica Nacional Española) pour réaliser des affiches de films sur les façades de trois cinéma de Barcelone : Catalunya, Capitol et Femina. Clavé vit de travaux publicitaires et décoratifs dans lesquels il utilise des expérimentations d’avant-garde : collages de matières diverses, cordes, tissus imprimés, carton ondulé, papier journal.

La guerre civile espagnole

En 1936, la Guerre d’Espagne éclate. Antoni Clavé est soutien de famille – sa mère, hémiplégique, est à sa charge depuis 1930. Il est mobilisé en 1937 et part pour le front d’Aragon. Son ami Joaquim Martí Bas réussit à lui faire intégrer l’État-Major de la 31e division où tous deux ont pour mission de réaliser des affiches destinées à galvaniser les combattants.  Le 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains de l’armée franquiste. La population catalane fuit les bombardements et franchit la frontière française. Antoni Clavé arrive en France le 29 janvier. Il est interné à Prats de Molló, puis à Perpignan au camp des Haras. Il est libéré peu après et expose à Perpignan des dessins exécutés au camp d’internement, des gouaches et quelques portraits à la mine de plomb. Le 5 avril Clavé arrive à Paris sans papiers d’identité et avec les quelques francs que lui a rapporté l’exposition de Perpignan. Il vit de travaux d’illustrations, entre autres pour les éditions « Nouvelle Librairie Moderne » pour lesquelles il dessine des bandes dessinées pour les périodiques Gavroche, Aventure puis Jumbo. Il rencontre Picasso par l’intermédiaire d’amis peintres espagnols eux aussi exilés à Paris.

La seconde guerre mondiale

En avril 1940, il expose à la librairie « Au Sans Pareil », sans succès. En juin, les Allemands sont aux portes de Paris. Clavé pense partir pour le Venezuela mais les blindés allemands coupent la route et l’obligent à rebrousser chemin. En 1941, Clavé s’installe dans son premier atelier situé au 45, rue Boisssonnade. En 1942, naît son fils Jacques et sa mère arrive à Paris. Epoque intimiste, où il est influencé par Bonnard et Vuillard. L’année suivante il exécute des lithographies pour les Lettres d’Espagne de Prosper Mérimée. Antoni Clavé intègre alors pleinement les activités sociales et artistiques de l’ « École espagnole de Paris » menée par Picasso. Ce dernier s’intéresse à son travail et se déplace lors l’exposition d’Antoni Clavé en  juin 1944 à la galerie Henri Joly, signe prometteur d’une longue et sincère amitié.

Antoni Clavé à Montparnasse © Archives Antoni Clavé

L’après guerre : 1945 – 1950

Libéré des dangers et des contraintes de l’Occupation, Antoni Clavé participe à une série d’expositions collectives à Paris, en province et à l’étranger. Parmi ces manifestations, l’exposition « Art de la République espagnole, école des artistes de Paris » est initiée par Picasso, Paul Éluard et Jean Cassou. Elle a lieu à Prague en 1946 où Clavé se rend ainsi que ses camarades exilés, parmi lesquels Borès, Viñes, Peinado, Dominguez, Florès, Lobo et Fenosa. Les expositions collectives ne lui permettent pas encore de vivre de sa peinture. Il commence à réaliser d’importants décors et costumes pour des ballets : Los Caprichos pour le Ballets des Champs-Elysées (Paris, 1946), Carmen pour les Ballets de Paris Roland Petit (Paris, 1949), Ballabile pour le Sadler’s Welles Ballet (Covent Garden, Londres, 1950). Il illustre également des livres de bibliophilie : La Dame de Pique, de Pouchkine et Carmen, de Prosper Mérimée en 1946 ; Candide de Voltaire en 1948 ; Gargantua de Rabelais en 1950. Ces travaux lui inspirent de nouveaux sujets : Roi de cartes, Personnages du Moyen Age et Guerriers. Les expositions commencent à se succéder : à la Galerie Delpierre à Paris en 1946, à l’Anglo-French Art Centre de Londres en 1947, en 1948 à la Galerie Robert Martin à Oran, à Malmö en 1949 et à Göteborg en 1950.

La reconnaissance internationale

En 1951, Antoni Clavé expose à la Galerie Witcomb de Buenos Aires, et à Rome à la Galleria dell’Obelisco puis à la Galerie Drouant-David à Paris en 1953 et à la Galleria del Sole à Milan en 1954. Ses créations théâtrales sont une part essentielle de son travail : La maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, Festival de Biarritz et Théâtre de l’Œuvre, Paris, 1951 ; Revanche, Ballets de Ruth Page, Chicago Opéra Ballet, 1951 ; Don Perlimplin, de Federico García Lorca, Festival du XXe siècle, Paris, 1952 ; Les Noces de Figaro, de Mozart, Festival d’Aix-en-Provence, 1952 ; Deuil en 24 heures, Ballets de Roland Petit, Paris, 1953.

En 1954, il décide d’abandonner la décoration théâtrale pour pouvoir se consacrer à la peinture. Il achève sa dernière œuvre décorative l’année suivante par les décors et les costumes pour La Peur, ballet de Roland Petit. La galerie Arthur Tooth & Sons propose une exposition monographique en 1955 à Londres. Antoni Clavé reçoit le prix Unesco de la gravure à la XXVIIIe Biennale de Venise en 1956 et la Sala Gaspar de Barcelone expose ses peintures pour la première fois. L’année suivante, il  crée ses premières peintures sur tapis. Jean Cassou signe le catalogue de son exposition à la Galerie Beyeler à Bâle. La même année il expose également au Museo de bellas artes de Bilbao et à la Stephen Silagy Gallery de Los Angeles. Il représente la France à la IVe Biennale de Sao Paulo où il reçoit le prix Matarazzo de peinture avec Ben Nicholson pour la Grande-Bretagne et Giorgio Morandi pour l’Italie.

La Galerie Creuzevault organise à Paris en 1958 sa première exposition majeure. Clavé reçoit le prix Kamakura à la Biennale de Gravure de Tokyo tandis que la galerie Arthus Tooth & Sons de Londres l’expose à nouveau. Il expose au Musée Picasso à Antibes, et en 1960, à nouveau à la galerie Creuzevault puis à la Sala Gaspar de Barcelone qui réunit un ensemble d’œuvres de 1953 à 1959. En 1961, le Musée Rath de Genève présente « 25 ans de peinture ». Il passe son premier été à Saint-Tropez en 1962 où il aménage le garage de la maison qu’il loue en atelier. Antoni Clavé exécute en 1963 plusieurs tapisseries-assemblages qui seront présentées l’année suivante au Musée de Bilbao. Il entreprend une série de grandes toiles, accompagnées de lithographies et eaux-fortes, sur le thème « Hommage à Domínikos Theotokópoulos ».

Antoni Clavé et Roland Petit partant à Hollywood, 1952
Antoni Clavé et Roland Petit partant à Hollywood, 1952 © Archives Antoni Clavé
Antoni Clavé dans son atelier de Saint Tropez, 1968
Antoni Clavé dans son atelier, Saint Tropez, 1968  – Photographie Jacques Gomot

Clavé s’installe dans le midi de la France

En 1965, Clavé s’installe dans le Midi de la France. La Sala Gaspar de Barcelone présente ses œuvres en hommage à Domenikos Théotokopoulos. Les années suivantes voient la multiplication des expositions : Galerie Creuzevault, Paris, 1968 ; Galerie Chozo Yoshii, Tokyo, 1969, Sala Gaspar, Barcelone, 1970, Galerie Vision Nouvelle, Paris, 1971, Palais de la Méditerranée, Nice, 1971. En 1972, il expose à la Galerie Dreiseitel à Cologne, à la Sala Gaspar. Le quotidien Mainichi Shimbun organise une grande exposition de ses œuvres à la galerie Matsuzakaya à Tokyo. Clavé se rend au Japon, puis rentre en France par New York où les graffitis des rues et du métro lui inspirent des peintures. Clavé entreprend en 1975 la suite de gravures destinées à illustrer La Gloire des Rois de Saint-John Perse ; il exécute également ses premiers essais de papiers froissés en trompe-l’œil. Il expose à la Galeria Guereta à Madrid, à la Galerie Sapone à Nice, ainsi qu’à la Sala Gaspar. En 1977, il présente des gravures de La Gloire des Rois à la Galerie Sagot Le Garrec à Paris et à La Palette à Toulon ; les papiers froissés en trompe l’œil sont exposés pour la première fois à la Sala Gaspar.

En 1978 au Musée national d’art moderne Centre Georges Pompidou, Alain Mousseigne présente les œuvres de Clavé « En marge de la peinture » ; en même temps le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris expose une rétrospective complète de ses peintures de 1958 à 1978. L’année suivante, le Musée d’Unterlinden de Colmar présente une sélection d’œuvres de Clavé de 1958 à 1978.

Les années 80

Les années 80 voient la reconnaissance d’Antoni Clavé dans son pays natal où se multiplient les expositions : Institut del Teatre de Barcelone en 1980, Bibliotaca Nacional de Madrid ; « L’Œuvre graphique » fait l’objet d’une exposition itinérante organisée par le Département de la culture de la Généralité de Catalogne, Museo de Bellas Artes de Valence et Sala Luzán de Saragosse. En 1981, le musées des Augustins de Toulouse organisent une exposition des peintures de Clavé depuis 1939. À la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) de Paris de 1982, la Sala Gaspar présente un ensemble de peintures et de sculptures de Clavé dont l’œuvre graphique occupe les cimaises du Centre d’Etudes Catalanes. Cette même année, Clavé exécute une peinture murale de 9 x 3 m pour l’aéroport de Barajas à Madrid. Les maquettes de cette commande sont présentées à la Sala Gaspar, ainsi que des peintures et des sculptures à la Galerie Sapone de Nice. En 1984, le pavillon espagnol de la Biennale de Venise est consacré à Clavé : 125 œuvres, peintures, sculptures, maquettes et projets de costume de théâtre, retracent l’essentiel de son œuvre que complètent 150 lithographies et gravures au Museo de Arte Contemporáneo de Madrid.

En 1985, Antoni Clavé rend hommage à Pablo Picasso sous le titre « À Don Pablo », à la galerie Regards à Paris où sont exposés treize peintures et collages ; cette exposition est ensuite présentée au Musée Picasso à Antibes, et l’année suivante à la Sala Gaspar à Barcelone. En 1985 ses peintures, sculptures et objets sont également exposés au musée Rigaud à Perpignan, tandis que les grands formats sont présentés dans la chapelle du Château royal de Collioure. Antoni Clavé fait un nouveau séjour au Japon en 1986 où sont organisées quatre expositions : au Metropolitan Teien Art Museum à Tokyo, au Museum of Art à Osaka, au  musée Kiyoharu Shirakaba à Yamanashi-Ken et à l’Open Air Museum à Hakone présentant ses œuvres réalisées entre 1960 à 1985. En 1988 la Galerie Patrice Trigano expose ses dernières créations à la FIAC, notamment ses « tableaux-jouets ». En 1989, le Palais de la Virreina à Barcelone présente les sculptures de Clavé. À Paris les galeries Yoshii, Marbeau et Trigano présentent ses œuvres récentes. En octobre il fait un voyage à New York qui lui inspirera de nouvelles peintures

Antoni Clavé chez Picasso, 1968
Antoni Clavé chez Picasso, 1968 © Archives Antoni Clavé

Les années 90

En 1990, la sculpture monumentale (14 mètres de haut) commandée par la municipalité de Barcelone pour commémorer l’Exposition Universelle de 1888 est installée au parc de la Citadelle de Barcelone. Les œuvres inspirées par le séjour américain d’Antoni Clavé sont présentées sous le titre « Vu à New York » à la foire de Bâle Art Basel par Patrice Trigano ainsi qu’à sa galerie parisienne. La Galerie Marbeau expose au même moment des sculptures et des objets-assemblages. L’IRCAM – Institut de recherche et coordination acoustique/musique – présente « Convergences Clavé-Boulez ».

Les expositions en Europe se multiplient au cours des années suivantes : rétrospective monographique au Museo Nacional de Bellas Artes de Santiago du Chili en 1992, Palau de la Virreina de Barcelone l’année suivante, Galería Maggiore à Bologne en 1995 ; Galerie Chozo Yoshii à Paris, 1995 ; Galería Joan Gaspar à Barcelone en 1995, Galerie Elyseum à New York, et Palau de la Generalitat de Catalunya le même année. Galerie Chozo Yoshii à Paris en 1996, La Pedrera, Caixa de Catalunya également en 1996 et Galerie Sapone à Nice en 1997. Les grandes rétrospectives se multiplient elles aussi : Galería Joan Gaspar, Barcelone, 1998 ; Centre d’Art Santa Mónica, Barcelone ; Centre d’Etudes Catalanes, Paris ; Museu d’Art Modern, Tarragona, 1998 ; Centro Cultural del Conde Duque, Madrid, 1999, Galleria San Carlo, Milano la même année.

Années 2000

En 2001, conjointement à la sortie du livre de Pierre Daix Clavé Assemblages 1960-1999, une exposition rétrospective réunissant la peinture, la sculpture et la gravure a lieu à Locarno. La Galerie Joan Gaspar présente en 2003 à Barcelone et en 2004 à Madrid « Dix ans de peinture, 1993-2003 ». En 2004, à l’occasion de la remise du prix Tomàs Francisco Prieto, une rétrospective de l’œuvre gravée est organisée au Musée Casa de la Moneda à Madrid. En 2005 la Galerie Chozo Yoshii présente à Tokyo puis à Paris les derniers grands tableaux de Clavé.

Antoni Clavé décède à l’âge de 92 ans le 31 août 2005 à Saint-Tropez.