Drôles de guerriers – Focus 10

En 1980, Clavé reçoit la commande d’une vaste décoration murale pour l’aéroport de Barajas à Madrid. L’œuvre sera monumentale, haute de trois mètres et large de 9 mètres, elle est toujours visible au Terminal 2 de l’aéroport. Après une telle commande, Clavé prolonge en 1983 son apprivoisement des grands formats : Triptyque (2,30 x 6m) et ici Drôles de guerriers (1,95 x 3,60m).

L’ample composition est un maillon dans l’art de Clavé : on y retrouve des collages de papiers gaufrés et estampillés tels qu’il les avait inventés dans son travail autour de Saint-John Perse, des masques et autres personnages grotesques à peine esquissés (les guerriers du titre) ainsi que des caractéristiques de l’artiste : trompe-l’œil, pliages, dépliages, collages. Pourtant on est frappé de constater qu’il ne s’agit pas d’un processus érigé en système. Clavé n’obéit à aucune convention et garde une fraicheur d’invention qui laisse une part belle au miracle du hasard.  Triptyque tricolore, le rouge et le bleu frappent d’emblée le spectateur par leur luminosité, la façon dont ils happent le regard, leur furie séductrice. La composition toute en ruptures est une libération de violence dans laquelle le rouge sang, le noir de suie et le bleu picassien dégoulinent. Qui sont ces « drôles de guerriers » qui s’apprêtent à livrer bataille ?

Entre 1984 et 1985, Clavé réalisera pour le Musée Picasso d’Antibes un ensemble de treize peintures et collages intitulés « A Don Pablo », hommages au Maître et Ami dont on perçoit déjà ici l’amorce.