EXILS – Regards d’artistes au musée du Louvre Lens

L’exposition « Exils Regards d’artistes », visible au Louvre Lens du 25 septembre 2024 au 20 janvier 2025, est dense, multiple, embrassant les exils fondateurs de la Bible, l’Odyssée, L’Énéide ou le Ramayana jusqu’aux exils contemporains, conséquences des multiples guerres dont sont victimes des millions de personnes encore actuellement. Les XIXe, XXe et XXIe siècles sont les plus représentés, de toutes nationalités et aires géographiques. Vous pourrez y découvrir des œuvres de Josef Koudelka, Edouard Manet, Pascale Consigny, Khaled Dawwa, Zao Wou-Ki, Barthélémy Toguo, Djamel Tatah, Jems Koko Bi, Yan Pei-Ming ou encore Kader Attia, Marco Godinho ou Victor Hugo et Honoré Daumier.

Six espaces accueillent les visiteurs dans un parcours libre, permettant d’envisager l’exil à travers le temps, l’espace, le déracinement, l’accueil, la douleur, la mémoire, la création.

Les cinq œuvres d’Antoni Clavé sont présentées dans la partie de l’exposition intitulée « Nulle part » mettant en lumière les camps d’internement où sont rassemblés des étrangers « indésirables » qu’étaient les fugitifs républicains espagnols à la victoire de Franco en 1939. La mise à l’écart systématique des réfugiés apparaît à la fin de la guerre froide et est encore d’un terrible actualité. Des photos de Mathieu Pernot, Bruno Serralonge, Jacqueline Salmon et Gilles Raynaldi font écho aux dessins de Clavé représentant l’attente de ses compagnons dans les camps des Pyrénées orientales.

Si, au lieu de les considérer à l’aune de leur point de départ ou de ce qu’on croit qu’ils sont, on considère ce qu’ils font, ce qu’ils ont fait pour fuir, pour traverser, pour résister, pour survivre, pour reconstruire dans la précarité et l’errance; si, au lieu d’évaluer ce qu’ils ont perdu, abandonné ou ce à quoi ils ont dû renoncer, l’on considère ce qu’ils produisent en termes de communautés humaines, d’expériences collectives, d’inventivité sociale et de solidarité intercommunautaire; si, au lieu de déplorer la perte de monde dont ils sont victimes, on regarde les mondes qu’ils ne cessent de composer, de réinventer, de tisser non pas sur le mode d’une édification mais sur celui de réseaux d’intelligences, de partages sensibles, d’institutions improvisées et évolutives; alors on cesse de verser dans la diabolisation, la victimisation et la prolétarisation et on découvre derrière « la nudité abstraite d’un être humain et rien qu’humain ». Dominique de Font-Réaulx cite le philosophe Etienne Tassin en ouverture du catalogue de cette exposition dont elle est commissaire. C’est un choix pertinent car il s’agit bien du regard porté par les artistes sur leurs exils, mais aussi de notre regard sur les exilés, artistes ou non. Le catalogue est riche de textes d’exils littéraires mais aussi de textes de mise en lumière d’exils traduits plastiquement.

A voir absolument avant le 20 janvier 2025 au Louvre Lens!