« 365 jours après » fait partie des dernières œuvres d’Antoni Clavé. Réalisée en 2002, elle a la vivacité et la liberté d’un jeune créateur de 89 ans qui n’a plus rien à prouver. Depuis Duchamp, Picasso, les collages et les assemblages d’objets surréalistes, le XXe siècle n’a cessé de convoquer le réel dans l’art. Clavé est pleinement de ce siècle, de son siècle, celui de Robert Rauschenberg. Celui des créateurs alchimistes qui n’hésitent pas à utiliser des objets abandonnés prélevés dans la réalité du quotidien. Les Combines de Rauschenberg associaient à la pratique de la peinture celle du collage et de l’assemblage d’objets les plus divers. C’est chez Rebeyrolle que le hasard des rencontres et des programmations culturelles a proposé récemment au public une exposition monographique d’Antoni Clavé. Clin d’œil artistique bienveillant…
Clavé cependant réservait ses assemblages d’objets de rebut à ses sculptures mais il supporte le rapprochement avec Rauschenberg et plus particulièrement sa période des Silksceen paintings qui succéda aux Combines. La reproduction et le multiple s’invitèrent alors dans l’œuvre du peintre américain et ses sérigraphies réalisées au début des années 1960 comptent parmi ses œuvres les plus célèbres aujourd’hui. Collage d’images, de fragments d’affiches ou autres reproductions se conjuguaient avec la gestuelle de l’expressionnisme abstrait.
Bien sûr il n’a jamais été question d’action painting ni d’esthétique pop chez Clavé. Pourtant, la technique du transfert, celle de la reproduction et de sa réappropriation sont au cœur de son travail depuis les années 1960. Le collage, l’assemblage sur la toile font partie de l’identité artistique de Clavé. « 365 jours après » s’inscrit complètement dans cette recherche artistique. Les motifs récurrents des signes sont présents, reproduits, agrandis, collés, assemblés et enchevêtrés avec les parties peintes. Ces dernières sont totalement libérées, presque légères. « 365 jours après » est en réalité une invitation à la contemplation.