Les rois et les guerriers ont fait la gloire d’Antoni Clavé. Le thème apparaît dans ses peintures en 1955-56 et contribue à sa reconnaissance internationale dès 1958. C’est justement de cette année que date ce Guerrier noir.
Le cadrage est serré sur le personnage qui nous fait face, qui nous fait front. Il semble surgir d’une nuée pâle, comme pour mieux nous subjuguer. L’homme se confond avec l’armure, sombre et métallique. Le panache bleu et rouge, la lance écarlate parachèvent l’effet dramatique. Impossible de capter son regard à travers son heaume mais la composition de Clavé ne laisse guère de doute… S’agit-il d’Othello furieux s’apprêtant à tuer Desdémone ? S’agit-il plutôt d’une vision fantasmée d’Oriounga, le jeune et fier guerrier Massaï partant tuer le lion qui lui permettra de devenir un homme? Shakespeare ou Kessel? Clavé et son Guerrier noir nous hypnotisent, pour notre plus grande fascination.