Picasso, Miró, Clavé et les artistes exilés aux Abattoirs de Toulouse

Picasso et l’exil. Une histoire d’art espagnol en résistance fait suite à l’exposition Guernica, présentée au Musée national Picasso Paris en 2018. L’exposition retrace l’engagement politique de Picasso et de ses compatriotes.

En 1937, un an après le début de la guerre civile espagnole, alors qu’il travaille à la commande d’une peinture pour le Pavillon de la République espagnole de l’Exposition internationale à Paris, Picasso apprend le bombardement de Guernica et bouleverse son thème initial. Son art comme celui des artistes espagnols déjà en France est directement influencé par les événements politiques. En février 1939, après trois ans de guerre civile, près de 500 000 espagnols traversent la frontière franco-espagnole avant de transiter par des camps de réfugiés. Suite à la « Retirada », de nombreux Espagnols résidant à l’étranger, deviennent de fait des exilés politiques.

L’exposition propose aux visiteurs une vision d’ensemble de la création artistique de Picasso et des artistes espagnols pro-républicains exilés comme lui à Paris. Óscar Domínguez, Appel.les Fenosa, Luis Fernández, Pedro Flores, Carles Fontserè, Julio González, Hans Hartung, Roberta González, Hans Hartung, Antonio Rodríguez Luna, Joan Miró, Manuel Ángeles Ortiz, Remedios Varo, Emilio Grau Sala, Baltasar Lobo, Dora Maar, Joan Rebull, etc…

Antoni Clavé est présent dans plusieurs parties de l’exposition à travers dix œuvres (dessins de camp, peintures, gravures, livre de bibliophilie, maquette) ainsi que de multiples photos et catalogues d’expositions collectives retraçant ainsi le parcours collectif des artistes espagnols exilés, mais aussi son amitié privilégiée avec Picasso ainsi que certains thèmes communs aux deux artistes.

« La roulotte » Antoni Clavé, 1940, Huile sur toile

Faisant le vœu de ne revenir que dans une Espagne libérée du franquisme, Picasso meurt en 1973 sans avoir revu sa terre natale. Le débat sur le retour de Guernica en Espagne, dans les années 1970 et 1980, souligne combien cette œuvre est devenue et demeure un symbole politique, qui en fait jusqu’à aujourd’hui une des œuvres les plus reproduites, filmées et réinterprétées. À l’étage du musée, le retour de cette œuvre mythique est évoqué ainsi que le contexte artistique contemporain avec des œuvres de Saura, Tapiès et Clavé : Composition avec 4 gants (1970, Technique mixte sur toile) fut acheté à l’artiste par le musée des Augustins en 1982.

Vue de l’exposition, à droite « Composition avec 4 gants »

Un volet contemporain, invitant un peu plus d’une vingtaine d’artistes, complète cette exposition au musée des Abattoirs. Ils témoignent de l’importance de Picasso dans le message de liberté artistique et individuelle tandis que d’autres s’attaquent au thème de l’exil aujourd’hui.

Picasso et l’exil. Une histoire d’art espagnol en résistance ; musée des Abattoirs, Toulouse du 15 mars au 25 août 2019.

Jeudi 18 avril 2019 à 18h30, une conférence sur la migration des artistes espagnols sera proposée à l’auditorium des Abattoirs. Conférence d’Amanda Herold-Marme, historienne de l’art, auteur d’une thèse sur la question, et Géraldine Mercier, commissaire associée de l’exposition Guernica (Musée national Picasso-Paris), co-commissaire de l’exposition Picasso et l’exil.