Avec Don Servando et l’autre le spectateur entre de plain-pied dans l’univers de Clavé : la figuration au milieu des années 1970 s’abstrait de toute contrainte, la composition risque le déséquilibre, la technique et la matière se jouent des codes artistiques en vigueur et de toute tentative de séduction. La toile elle même s’offre comme un support non seulement visible, laissé à l’état brut sur une large partie de la composition et grossièrement (re)cousu.
Qu’est-il donné à voir ? Est-ce un champ de bataille ? La fin d’un combat ? Une victoire ? Une défaite ? Quand le regard se pause, nul doute n’est désormais possible. L’œuvre présente un carnage. La couleur rouge éclatant tel du sang et les déchirures le confirment.
Qui est ce Servando qui donne son titre à l’œuvre? Le personnage central armé doté d’un rictus de fils barbelés ? Où est l’autre ? Est-ce ce visage à peine esquissé en haut à gauche de la composition ? Clavé nous laisse seuls décider, fascinés par cette moderne danse macabre.